Un quart au PC Navarea

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Un quart au PC Navarea

Mis à jour le 28/08/2023

Immersion dans la vie d'un service du Shom opérationnel 24h/24.

Lever de soleil sur Brest

 

Brest, 6h00. Les rues de la Cité du Ponant sont désertes. Seuls quelques goélands s’affairent à éventrer des sacs poubelles, dans la lueur du matin naissant. Rendez-vous a été pris sur le site du Bergot pour la relève du quart de nuit.

Car oui, même à terre, certains services du Shom ne s’arrêtent jamais. C’est le cas du PC Navarea. Situé au 3e et dernier étage d’un bâtiment hors d’âge, au milieu d’un couloir sans fin, il abrite une équipe de 7 personnes qui se relaient jour et nuit, 365 jours par an, pour assurer la sécurité des navigants hauturiers (au-delà des 250 milles nautiques) sur une zone comprise entre la pointe de Corsen au Nord, Pointe Noire (Congo) au Sud et le milieu de l’Atlantique à l’Ouest : la zone Navarea II.

15 millions de km² sur lesquels la France coordonne la diffusion d’avertissements de navigation.

METAREAS NAVAREA 2

 

6h30. Sébastien arrive pour prendre son quart. Ancien chef de quart dans la Marine nationale, il vient relever Vincent, dont le profil et l’expérience sont similaires. « Nous partageons la même culture maritime que les marins qui reçoivent nos messages et nous maîtrisons bien cet environnement » pointe Vincent, « on sait de quoi on parle et c’est primordial pour se mettre à la place du navigateur dans les situations stressantes auxquelles il est confronté ».

7h00. Le soleil se lève sur le clocher de Lambézellec, sur fond de matinale radio. Au fil des « bonjours » lancés à la cantonade dans les bureaux, le Shom retrouve peu à peu son effervescence quotidienne. Seul Vincent fait le chemin en sens inverse - pour lui la journée s’achève.

Au programme des sept prochaines heures : veille sur le trafic maritime dans la zone, la météo marine, transmission d’avertissements de navigation, actualisation du groupe d’avis aux navigateurs (GAN), veille sur les canaux défense, recherches et suivi de situations dangereuses pour la navigation (remorquage, bateaux en avarie, etc.), échanges avec les homologues des zones Navarea contigües, gestion de l’approvisionnement en cartes électroniques de navigation pour la Marine et la gendarmerie maritime, etc.

Les missions sont variées tout comme le rythme du quart, tributaire du flux d’informations et de sollicitations.

« Certains jours, il ne se passe pas grand-chose », nous confie Sébastien « on en profite pour améliorer nos processus. Ceci dit, maintenir son attention dans ce genre de situation pour être efficace en quelques minutes nécessite des qualités de recentrage rapide ».

9h58. L’alerte d’un message urgent coupe la conversation. Il signale un acte de piraterie dans le Golfe de Guinée. Il n’y a pas une minute à perdre. La bonhommie de Sébastien laisse place au sang-froid et à la concentration. Il n’a que 30 minutes pour traiter l’information, la vérifier et rédiger un message d’alerte Navarea en anglais, selon les codes internationaux en usage. Dérive rapide, attaque de pirates, déplacement de plateformes offshore, travaux sur le sous-sol, exercice militaire … Les modes opératoires mis en place par la cellule facilitent l’évaluation du danger et normalisent son traitement. Une aide précieuse pour l’agent de quart qui est seul face à sa décision avec des délais de traitement potentiellement très restreints.

10h16. L’avertissement est diffusé par différents canaux (Inmarsat, Iridium et e-mail aux 22 États côtiers de la zone). La tension retombe. Une commande de cartes est effectuée. Des collègues responsables de secteur passent demander des informations concernant les zones géographiques dont ils ont la charge pour l’information nautiques. L’atmosphère est chaleureuse dans le bureau aux murs tapissés de cartes.

Bergot et travail ensemble

 

12h10. Sébastien attrape son déjeuner qu’il prend devant ses multiples écrans – veille oblige. Il a à peine le temps de faire du café qu’il reçoit des informations sur un vraquier russe en remorque dont la route ne correspond manifestement pas à celle déclarée. Des éléments indispensables pour recouper les informations déjà en sa possession et mettre à jour un avertissement NAVAREA en cours. Il sera diffusé à la vacation de 16h30 par Guy qui passe l’encadrement de la porte pour prendre le quart de l’après-midi.

13h45. Sébastien transmet l’ensemble des éléments qui nécessitent un suivi à son successeur avant lui souhaiter bon courage.

Chaque année ce sont plus de 20 000 alertes et messages analysés par les agents du PC NAVAREA et 60 000 cartes marines délivrées sans discontinuité de service.

Une importance soulignée par Luc, responsable technique de la cellule : "Par la diversité de ses missions et son caractère opérationnel, le PC NAVAREA est un élément essentiel de la sécurité de la navigation hauturière. Le personnel de cette équipe est très investi dans ce rôle de sécurité maritime, exercé pour le compte de l’État. Cette mission est sans nul doute une continuité indiscutable à nos anciennes professions de navigateurs et une belle opportunité de continuer à servir la communauté des gens de mer."

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